mercredi 27 mai 2015

Après cette Panthéonade d'hier, les problèmes cruciaux de civilisation et d'identité sont le coeur du problème !


« Dimanche » 28 mai 2006

L'analyse et les réponses du Père Jésuite Henri Boulad sont clairvoyantes et modérées dans le propos. C'est pour cette raison que je vous fais suivre ce document.

CHRETIENS ET MUSULMANS
Peuvent-ils s'entendre ?

L’actualité de ces derniers mois l'a montré à l'envi: les tensions entre le monde musulman et le monde occidental, loin de s'apaiser, ne cessent d'augmenter. Faut-il pour autant craindre un choc des civilisations, comme l'annonçait, il y a quelques années, le politologue américain Samuel Huntington? Le philosophe et théologien Henri Boulad (notre photo). Jésuite d'Alexandrie, nous livre son point de vue. Des idées qui ne plairont sans doute pas à tout le monde, mais qui méritent malgré tout d’être versées au dossier.

Que pensez-vous des crimes racistes commis à Anvers, le 11 mai dernier [2006], par le jeune Hans Van Temsche ? 

Je les condamne bien entendu, mais il faut bien être conscient que ces crimes sont l'expression d'un mécontentement et d'une certaine inquiétude au sein de la population belge à l'égard de l'islam. Une inquiétude que j'estime personnellement tout à fait justifiée, dans la mesure où un islamisme pur et dur est en train de s'infiltrer chez vous en vue d'une reconquête de l'Europe. J'ai eu moi-même plusieurs fois l'occasion d'entendre des musulmans radicaux s'exprimer en ces termes: "Vous nous avez arrêtés à Vienne et à Poitiers, mais nous irons plus loin. Grâce à votre démocratie et à votre liberté, l'Europe sera bientôt à nous." Voilà pourquoi je ne cesse depuis des années d'appeler les responsables européens à faire preuve de plus de vigilance et de lucidité, ainsi qu'à davantage de rigueur dans l'application de la loi. Ce n'est pas parce que les islamistes crient fort et s'affichent dans leur altérité, qu'il faut prendre peur, s'incliner et se taire. Il ne faut pas oublier que le nazisme est entré en Europe de la même manière, c'est-à-dire par la voie démocratique..

Votre crainte n'est-elle pas exagérée ?

Non, car vous n'allez pas tarder à avoir une majorité musulmane en Europe. En effet, dans 50-60 ans, par le jeu combiné de la démographie galopante des musulmans, de l'immigration et des conversions, les musulmans seront aussi nombreux, si pas plus, que les Européens de souche. Et je n'ose pas imaginer ce qu'il en serait si vous aviez l'immense bêtise d'introduire la Turquie dans l'Union. Non, il faut que les Européens se ressaisissent et réaffirment leurs valeurs, de manière musclée si nécessaire, car les islamistes, eux, ne dorment pas et n'ont aucun scrupule à exploiter les failles du système démocratique. Le problème, c'est que la plupart des Européens préfèrent se taire et faire semblant de ne rien voir, par peur d'être taxés de racistes ou d'extrémistes

Êtes-vous conscient que vos propos ne sont finalement pas très éloignés de ceux de l'extrême droite ?

Je suis heureux que vous me posiez la question, car je tiens à ce que les choses soient
claires: je désapprouve totalement la politique de l'extrême droite, ainsi que le recours à la violence pour régler ce genre de problème. Je ne veux pas semer l'intolérance, mais je ne veux pas non plus qu'au nom de la tolérance, on laisse les islamistes nous imposer leurs règles. J'estime en effet qu'il y a un seuil à ne pas dépasser. Je suis prêt à accueillir l'étranger, à lui ouvrir les bras et à l'aider, dans la mesure où il est prêt à jouer le jeu avec moi, à respecter mes valeurs. Si, par contre, il vient pour m'imposer son point de vue et me mettre à la porte de ma propre maison, alors je dis non.

Il me semble que vous accordez beaucoup d'importance aux islamistes, alors que ceux-ci ne représentent qu'une petite minorité

Bien sûr qu'il s'agit d'une minorité, mais c'est elle qui, actuellement, mène la danse et parle haut et fort. Il ne faut pas oublier que les foules sont suiveuses et se laissent facilement manipuler. Je ne suis d'ailleurs pas du tout sûr, par exemple, que les jeunes filles qui se voilent le fassent de leur propre gré. Derrière leur décision, se cache souvent un père, un frère, un oncle, un cousin ou un mari. Voilà pourquoi les musulmans ouverts et libéraux doivent absolument prendre la parole et s'insurger contre ces fondamentalistes qui prétendent parler au nom de l'islam. Nous devons les y encourager.

Que rejettent exactement les islamistes ? L'Occident ou le christianisme ?

Les deux, car dans leur esprit, l'un ne va pas sans l'autre. Pour eux, accepter l'Occident ou le christianisme, c'est accepter la liberté de conscience, la liberté religieuse, ainsi que toute une série de valeurs qu'ils estiment incompatibles avec l'islam. En fait, ils ont l'impression qu'en s'occidentalisant, en se modernisant, ils perdent leur identité. Or, la plupart des musulmans aspirent à cette modernité. Malheureusement, les quelques intellectuels qui osent le dire et qui réclament une réforme de l'islam sont aussitôt réduits au silence et considérés comme des traîtres.

Que pensez-vous de l'affaire des caricatures de Mohammed ?

Je comprends et partage l'indignation des musulmans, mais je leur rappelle au passage qu'eux-mêmes ne se gênent pas, dans certains pays, pour tourner en dérision la foi chrétienne ou présenter Jésus sous un jour peu favorable. Ils voient la paille qui est dans notre oeil, mais pas la poutre qui est dans le leur. Ce que je réclame donc, c'est la réciprocité. Je m'étonne. par contre, que les Européens soient si prompts à ridiculiser le Pape et l'Église catholique, mais n'osent pratiquement rien dire à propos des musulmans et des juifs, comme si ces deux groupes étaient intouchables. Je ne comprends pas très bien ce "deux poids, deux mesures" et me demande ce qu'il cache.

Propos recueillis par Pascal ANDRE

NDLR: Le Père Henri Boulad vit en Egypte, un pays majoritairement musulman, où les chrétiens font régulièrement l'objet de discriminations, principalement les coptes.

« Dimanche » 28 mai 2006


Notre hiérarchie politique au sommet de l'ETAT serait-elle toujours à la recherche de clivages idéologiques et sociaux ?. Par les temps qui courent, c'est jouer avec le feu !.

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