« Dimanche » 28 mai 2006
L'analyse
et les réponses du Père Jésuite Henri Boulad
sont clairvoyantes et modérées dans le propos. C'est
pour cette raison que je vous fais suivre ce document.
CHRETIENS
ET MUSULMANS
Peuvent-ils
s'entendre ?
L’actualité
de ces derniers mois l'a montré à l'envi: les tensions
entre le monde musulman et le monde occidental, loin de s'apaiser, ne
cessent d'augmenter. Faut-il pour autant craindre un choc des
civilisations, comme l'annonçait, il y a quelques années,
le politologue américain Samuel Huntington? Le philosophe et
théologien Henri Boulad (notre photo). Jésuite
d'Alexandrie, nous livre son point de vue. Des idées qui ne
plairont sans doute pas à tout le monde, mais qui méritent
malgré tout d’être versées au dossier.
Que
pensez-vous des crimes racistes commis à Anvers, le 11 mai
dernier [2006], par le jeune
Hans Van Temsche ?
Je
les condamne bien entendu, mais il faut bien être conscient que
ces crimes sont l'expression d'un mécontentement et d'une
certaine inquiétude au sein de la population belge à
l'égard de l'islam. Une inquiétude que j'estime
personnellement tout à fait justifiée, dans la mesure
où un islamisme pur et dur est en train de s'infiltrer chez
vous en vue d'une reconquête de l'Europe. J'ai eu moi-même
plusieurs fois l'occasion d'entendre des musulmans radicaux
s'exprimer en ces termes: "Vous nous
avez arrêtés à Vienne et à Poitiers, mais
nous irons plus loin. Grâce à votre démocratie et
à votre liberté, l'Europe sera bientôt à
nous." Voilà pourquoi je ne cesse depuis des
années d'appeler les responsables européens à
faire preuve de plus de vigilance et de lucidité, ainsi qu'à
davantage de rigueur dans l'application de la loi. Ce n'est pas parce
que les islamistes crient fort et s'affichent dans leur altérité,
qu'il faut prendre peur, s'incliner et se taire. Il ne faut pas oublier
que le nazisme est entré en Europe de la même manière,
c'est-à-dire par la voie démocratique..
Votre
crainte n'est-elle pas exagérée ?
Non,
car vous n'allez pas tarder à avoir une majorité
musulmane en Europe. En effet, dans 50-60 ans, par le jeu
combiné de la démographie galopante des musulmans, de
l'immigration et des conversions, les musulmans seront aussi
nombreux, si pas plus, que les Européens de souche. Et je
n'ose pas imaginer ce qu'il en serait si vous aviez l'immense bêtise
d'introduire la Turquie dans l'Union. Non, il faut que les
Européens se ressaisissent et réaffirment leurs
valeurs, de manière musclée si nécessaire,
car les islamistes, eux, ne dorment pas et n'ont aucun scrupule à
exploiter les failles du système démocratique.
Le problème, c'est que la plupart des Européens
préfèrent se taire et faire semblant de ne rien voir,
par peur d'être taxés de racistes ou d'extrémistes
Êtes-vous
conscient que vos propos ne sont finalement pas très éloignés
de ceux de l'extrême droite ?
Je
suis heureux que vous me posiez la question, car je tiens à ce
que les choses soient
claires:
je désapprouve totalement la politique de l'extrême
droite, ainsi que le recours à la violence pour régler
ce genre de problème. Je ne veux pas
semer l'intolérance, mais je ne veux pas non plus qu'au nom de
la tolérance, on laisse les islamistes nous imposer leurs
règles. J'estime en effet qu'il y a un seuil à
ne pas dépasser. Je suis prêt à accueillir
l'étranger, à lui ouvrir les bras et à l'aider,
dans la mesure où il est prêt à jouer le jeu avec
moi, à respecter mes valeurs. Si, par contre, il vient pour
m'imposer son point de vue et me mettre à la porte de ma
propre maison, alors je dis non.
Il
me semble que vous accordez beaucoup d'importance aux islamistes,
alors que ceux-ci ne représentent qu'une petite minorité
Bien
sûr qu'il s'agit d'une minorité, mais c'est elle qui,
actuellement, mène la danse et parle haut et fort. Il ne faut
pas oublier que les foules sont suiveuses et se laissent facilement
manipuler. Je ne suis d'ailleurs pas du tout sûr, par exemple,
que les jeunes filles qui se voilent le fassent de leur propre gré.
Derrière leur décision, se cache souvent un père,
un frère, un oncle, un cousin ou un mari. Voilà
pourquoi les musulmans ouverts et libéraux doivent absolument
prendre la parole et s'insurger contre ces fondamentalistes qui
prétendent parler au nom de l'islam. Nous devons les y
encourager.
Que
rejettent exactement les islamistes ? L'Occident ou le christianisme ?
Les
deux, car dans leur esprit, l'un ne va pas sans l'autre.
Pour eux, accepter l'Occident ou le
christianisme, c'est accepter la liberté de conscience,
la liberté religieuse, ainsi que toute une série de
valeurs qu'ils estiment incompatibles avec l'islam. En
fait, ils ont l'impression qu'en s'occidentalisant, en se
modernisant, ils perdent leur identité. Or, la plupart des
musulmans aspirent à cette modernité. Malheureusement,
les quelques intellectuels qui osent le dire et qui réclament une
réforme de l'islam sont aussitôt réduits au
silence et considérés comme des traîtres.
Que
pensez-vous de l'affaire des caricatures de Mohammed ?
Je
comprends et partage l'indignation des musulmans, mais je leur
rappelle au passage qu'eux-mêmes ne se gênent pas, dans
certains pays, pour tourner en dérision la foi chrétienne
ou présenter Jésus sous un jour peu favorable. Ils
voient la paille qui est dans notre oeil, mais pas la poutre qui est
dans le leur. Ce que je réclame donc, c'est la réciprocité.
Je m'étonne. par contre, que les Européens soient si
prompts à ridiculiser le Pape et l'Église catholique,
mais n'osent pratiquement rien dire à propos des musulmans et
des juifs, comme si ces deux groupes étaient intouchables. Je
ne comprends pas très bien ce "deux poids, deux mesures"
et me demande ce qu'il cache.
Propos
recueillis par Pascal ANDRE
NDLR:
Le Père Henri Boulad vit en Egypte, un
pays majoritairement musulman, où les chrétiens font
régulièrement l'objet de discriminations,
principalement les coptes.
«
Dimanche » 28 mai 2006
Notre hiérarchie politique au sommet de l'ETAT serait-elle toujours à la recherche de clivages idéologiques et sociaux ?. Par les temps qui courent, c'est jouer avec le feu !.
Notre hiérarchie politique au sommet de l'ETAT serait-elle toujours à la recherche de clivages idéologiques et sociaux ?. Par les temps qui courent, c'est jouer avec le feu !.
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